Hors-Série n°1, 14 décembre 2012
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Chers lecteurs,
L’équipe de la médiathèque Valentin Haüy consacre une gazette spéciale pour vous présenter la première édition des rencontres-événements en 2013. Dans ce numéro hors-série, nous vous proposons un focus sur chacun des auteurs qui viendra à la rencontre du public : Emmanuel Carrère, Tanguy Viel, Alexis Jenni, François Bégaudeau, Carole Martinez.
Venez rencontrez les écrivains qui ont fait l'actualité littéraire de ces dernières années à la médiathèque.
1ère édition des rencontres-évènements en 2013
Emmanuel Carrère : le jeudi 24 janvier
Tanguy Viel : le jeudi 28 février
Alexis Jenni : le mercredi 3 avril
François Bégaudeau : le jeudi 16 mai
Carole Martinez : le mercredi 12 juin
Emmanuel Carrère, Tanguy Viel, Alexis Jenni, François Bégaudeau et Carole Martinez viennent à l’association Valentin Haüy rencontrer leurs lecteurs. Cinq soirées évènements marqueront l’année 2013 :
Emmanuel Carrère (Prix Renaudot 2011) : le jeudi 24 janvier
Tanguy Viel (Lauréat de la Villa Médicis 2003) : le jeudi 28 février
Alexis Jenni (Prix Goncourt 2011) : le mercredi 3 avril
François Begaudeau (Prix France-Culture Télérama 2006) : le jeudi 16 mai
Carole Martinez (Prix Goncourt des Lycéens 2011) : le mercredi 12 juin
La médiathèque Valentin Haüy propose un cycle de cinq soirées aux personnes aveugles et malvoyantes ainsi qu’à leurs amis, pour rencontrer des auteurs phares. Chaque écrivain lira un passage de son œuvre et échangera avec le public.
Ces évènements sont organisés dans le cadre de l’accueil de Joël Baqué en résidence d’écrivain avec le soutien du conseil régional d’Île-de-France.
Pour en savoir plus sur les auteurs que vous aimez ou pour en découvrir de nouveaux, ne ratez pas ces rendez-vous !
Les rencontres-lectures auront lieu à l’auditorium de l’AVH à 19h,
5, rue Duroc, 75007 Paris, entrée libre, sous réserve des places disponibles.
Le jour de la rencontre, la médiathèque restera ouverte jusqu’à 19h.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter la médiathèque :
Tél. : 01 44 49 27 27
E-mail : mediatheque@avh.asso.fr
http://www.avh.asso.fr/mediatheque
Né à Paris, le 9 décembre 1957, Emmanuel Carrère est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris. Il est le fils de Louis Carrère et de la soviétologue et académicienne Hélène Carrère d'Encausse. Il débute comme critique de cinéma pour Positif et Télérama. En 1998, il signe le scénario de «La Classe de neige» (adaptation de son roman éponyme), dont Claude Miller assure la réalisation. Fasciné par l'irruption du fantastique dans la réalité, il fait de l'affaire Jean-Claude Romand l'un de ses plus célèbres ouvrages : «L' Adversaire», adapté ensuite au cinéma en 2002 par Nicole Garcia. En 2003, il passe tout naturellement derrière la caméra et réalise «Retour à Kotelnitch», ville russe qui est à la fois le lieu d'une enquête policière et d'une réflexion sur l'identité. En 2005, Emmanuel Carrère revient à la fiction avec « La Moustache », en tant qu'auteur, scénariste et réalisateur. Il est membre du jury des longs-métrages du Festival de Cannes 2010. Son dernier ouvrage, « Limonov » paru en 2011, reçoit le prix Renaudot, le Prix de la langue française et le Prix des prix 2011.
Hors d'atteinte
(POL, 1988) - Braille : 9 volumes en
intégral
Frédérique décide de ne plus rien décider, d’abandonner à la roulette la
conduite de sa propre vie : ce qu’elle fera, où elle ira, si elle sera
riche ou pauvre, flambeuse de haut vol ou clocharde, et dans quel ordre. Les
enjeux montent, elle coupe des ponts, elle s’enivre d’irrévocable. Elle se met
sans relâche au pied du mur en espérant, après l’avoir sauté, être enfin
délivrée, hors d’atteinte.
Je suis vivant et vous êtes mort
(Seuil, 1993) - Braille : 8 volumes en
intégral et 6 volumes en abrégé
Disponible
sur Éole en Braille numérique
Biographie romancée de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick, inspirateur
des films Blade runner et Total recall, qui passa pour un apôtre du LSD, dans
les années 60, en Californie, gourou de la contre-culture. En 1974, après des
années d'errance, il eut une expérience mystique et se demanda jusqu'à sa mort
s'il n'était pas le jouet d'une psychose paranoïaque.
La classe de neige
(POL, 1995) - Daisy : 03h47 - Braille :
5 volumes en intégral
Disponible sur Éole en Daisy audio
Prix Femina 1995
Dès le début de cette histoire, une menace plane sur son petit héros : nous
le sentons, nous le savons, tout comme lui le sait, l’a toujours su. Pourtant,
quoi de plus ordinaire qu’une classe de neige ? Mais celle-ci, à partir d’un
incident apparemment mineur (son père qui l’a amené en voiture repart en
emportant les affaires de l’enfant) va tourner au cauchemar. Et si nous
ignorons d’où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être
l’instrument, nous savons que quelque chose est en marche, qui ne s’arrêtera
pas. Ce roman impitoyablement écrit raconte l’un des pires malheur qui puisse
arriver à un enfant, un malheur, né autant de son imagination que du monde qui
l’entoure, et contre lequel il sera totalement démuni car il touche le cœur de
ce qui fait sa faiblesse, sa vulnérabilité et le prive de toute issue, de tout
recours.
Un coup de coeur de Céline, bibliothécaire : Toute la beauté de ce roman réside dans l'art de l'ellipse. L'auteur ne dit rien, et pourtant vous entendez tout. En le lisant vous risquez deux choses : une empathie inimaginable pour ce petit garçon en souffrance et ne pas pouvoir poser le livre tant que vous ne l'aurez pas terminé.
L’adversaire
(POL, 2000) - Daisy : 04h 49 - Gros
caractères : 254 p.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses
parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé
qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile
encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et
ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer
ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion
criminelle à perpétuité.
Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous.
Un coup de coeur de Luc, bibliothécaire: Pendant dix-huit ans, Jean-Claude Romand a fait croire à tout le monde, même à ses proches, qu'il avait réussi ses examens de médecine, passé l'internat et qu'il était devenu chercheur à l'OMS. En réalité, il passait toutes ses journées, silencieux et clandestin, sur le bord des autoroutes. En janvier 1993, le faux médecin assassinait sa femme, ses enfants et ses parents. Carrère traite d'un fait divers monstrueux : par l'horreur du crime commis mais aussi par l'extraordinaire étrangeté de Jean-Claude Romand qui a vécu pendant plus de 20 ans dans le mensonge le plus complet. L'auteur s'attache à donner des explications très factuelles pour que nous puissions comprendre comment un tel dérapage a pu être possible. Ce livre, partant d'un cas extraordinaire, tiens un propos universel sur le mensonge et la solitude qui en découlent.
La moustache
(POL, 2005) - Daisy : 04h42
Disponible sur Éole en Daisy audio
Ayant vidé la poubelle sur le trottoir, il trouva vite le sac qu'on
plaçait dans la salle de bains, en retira des cotons-tiges, un vieux tube de
dentifrice, un autre de tonique pour la peau, des lames de rasoir usagées. Et
les poils étaient là. Pas tout à fait comme il l'avait espéré : nombreux, mais
dispersés, alors qu'il imaginait une touffe bien compacte, quelque chose comme
une moustache tenant toute seule. Il en ramassa le plus possible, qu'il
recueillit dans le creux de sa main, puis remonta. Il entra sans bruit dans la
chambre, la main tendue en coupelle devant lui et, s'asseyant sur le lit à côté
d'Agnès apparemment endormie, alluma la lampe de chevet. Elle gémit doucement
puis, comme il lui secouait l'épaule, cligna des yeux, grimaça en voyant la
main ouverte devant son visage. «Et ça, dit-il rudement, qu'est-ce que c'est ?».
Un roman russe
(POL, 2007) - Daisy : 07h07 - Braille :
6 volumes en intégral.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en
Braille numérique
La folie et l’horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j’ai écrits ne parlent
de rien d’autre. Après L’Adversaire,
je n’en pouvais plus. J’ai voulu y échapper. J’ai cru y échapper en aimant une femme
et en menant une enquête. L’enquête portait sur mon grand-père maternel, qui
après une vie tragique a disparu à l’automne 1944 et, très probablement,
été exécuté pour faits de collaboration. C’est le secret de ma mère, le fantôme
qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j’ai suivi des chemins
hasardeux. Ils m’ont entraîné jusqu’à une petite ville perdue de la province
russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu’il arrive quelque
chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l’horreur
me rattrapaient. Elles m’ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse.
J’ai écrit pour la femme que j’aimais une histoire érotique qui devait faire
effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités
dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos
vies et notre amour. C’est de cela qu’il est question ici : des scénarios
que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel
s’y prend pour nous répondre.
D'autres vies que la mienne
(P.O.L, 2009) - Daisy : 08h52 -
Braille : 5 volumes en intégral, 4 volumes en abrégé - Gros caractères :
433 p.
Disponible sur Éole en Daisy audio
À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux
événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour
ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a
dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire ?
C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à
raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer,
tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de
surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). Il est question dans
ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et
surtout d'amour. Tout y est vrai.
Un coup de coeur de Céline, bibliothécaire : Si ce livre peut paraître décousu au premier abord, il n'en est pas moins extrêmement touchant. Il y a fort à parier que toute personne handicapée y retrouvera un peu de son vécu. C'est en tout cas ce qui m'est arrivé lors de sa découverte. On en ressort malgré tout plein d'optimisme.
Limonov
(P.O.L, 2011) - Daisy : 14h21 -
Braille : 9 volumes en intégral, 6 volumes en abrégé - Gros
caractères : 524 p.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Prix Renaudot 2011, prix de la langue française
2011 , Prix des prix 2011
«Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais.
Il a été voyou en Ukraine; idole de l’underground soviétique sous
Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à
Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres
des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme
en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même
se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je
suspends pour ma part mon jugement.
C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.»
Emmanuel Carrère par Emmanuel Carrère
et Angie David
(Léo Scheer, 2007) - Braille : 2 volumes en intégral et 1 volume en
abrégé
Réalisé par la rédaction de La Revue Littéraire,« Écrivains d'aujourd'hui »
propose de les découvrir dans leur diversité, ou d'apprendre à les percevoir
autrement. Ce volume comprend un grand entretien avec Emmanuel Carrère sur son
oeuvre en cours d'élaboration, des notes de lecture sur chacun des livres
publiés à ce jour, de La Moustache à Un roman russe, en passant par La Classe
de neige ou L'Adversaire, un choix d'extraits et une chronologie.
La littérature française est vivante. De jeunes auteurs s'y révèlent, avec une oeuvre dont les contours, l'univers, le style s'affirment.
Tanguy Viel est né à Brest en 1973. En 2003, il est lauréat de la Villa Médicis et passe un an à Rome avant de revenir s'installer en France. Il reçoit le Prix Fénéon en 2001 pour L'absolue perfection du crime. Il a écrit plusieurs fictions pour France Culture.
Cinéma
(Minuit, 1999) - Daisy : 02h23
Disponible sur Éole en Daisy audio
Celui qui se présente ici comme narrateur en est donc réduit à parler
d'un film, d'un seul film, du même film qu'il a vu des dizaines et des dizaines
de fois. Toute remarque, tout commentaire, il les a notés, consignés dans un
cahier, jour après jour. Son existence est minée par le film. Ses goûts et ses
jugements, il les doit au film. Ses amis comme ses ennemis, il les doit à
l'opinion qu'ils se sont faite sur le film. A vrai dire, sa vie ne tient qu'à
un film.
L'Absolue perfection du crime
(Minuit, 2006) - Daisy: 4h30
Disponible sur Éole en Daisy audio
L’absolue perfection du crime reprend l'un des poncifs les plus usés du
cinéma de genre, l'histoire d'un hold-up raté - le casse manqué d'un
casino - qui renvoie, de Verneuil à Melville pour ne parler que des Français,
à un nombre incalculable de séries B et à quelques chefs-d'oeuvre. Ceux qui, à
l'instar du roman de Tanguy Viel, réussissent à s'approprier la mythologie et à
se jouer des codes narratifs. Viel ne s'en prive pas et n'évite aucune des
scènes les plus attendues : les retrouvailles à la sortie de prison, la
préparation minutieuse du plan, le casse du casino avec évasion du magot par la
voie des airs au moyen d'une montgolfière téléguidée, le partage du butin,
l'arrestation, les trahisons, la vengeance... Jamais pourtant le roman ne se
défait de son absolue singularité. Parce que l'écrivain réussit, à travers le
cheminement de ses antihéros, de petits mafieux piégés par leurs rêves, des
hommes fatigués qui font semblant d'y croire, à imprimer son propre univers,
déjà sensible, on l'a vu, dans son premier roman. Mais surtout parce que
L'Absolue perfection du crime est, une fois encore, une éblouissante réussite
formelle. Construit au cordeau, en trois actes impeccables menés tambour
battant, ce roman impressionne d'abord par sa virtuosité et son inventivité
narratives.
Insoupçonnable
(Minuit, 2006) - Daisy : 02h43 -
Braille : 2 volumes en intégral, 1 volume en abrégé
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Sam est le frère de Lise. Du moins c'est ce que tout le monde croit quand Lise
se marie avec Henri. Mais c'est surtout Henri qui doit le croire, pour que Sam
et Lise puissent réussir leur mauvais coup. Seulement Henri aussi a un frère,
un vrai cette fois, et qui s'appelle Édouard. Or même vrai on peut être un faux
frère.
Paris-Brest
(Minuit, 2009) - Daisy : 04h16
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Il est évident que la fortune pour le moins tardive de ma grand-mère a joué un
rôle important dans cette histoire. Sans tout cet argent, mes parents ne
seraient jamais revenus s'installer dans le Finistère. Et moi-même sans doute,
je n'aurais jamais quitté Brest pour habiter Paris. Mais le vrai problème est
encore ailleurs, quand il a fallu revenir des années plus tard et faire le
trajet dans l'autre sens, de Paris vers Brest.
Un coup de coeur de Hélène, bibliothécaire : Tanguy Viel, avec une maîtrise de l’intrigue et du style, nous fait entrer dans l’intimité d’une famille, nous interroge et nous dérange. Les portraits sont extraordinaires, on ne distingue plus ce qui est autobiographique de ce qui est romanesque, c’est absolument parfait !
Né en 1963 à Lyon, Alexis Jenni reçoit le prix Goncourt 2011 pour son premier roman « L’art Français de la guerre ». Agrégé en sciences naturelles, il continue d’exercer avec passion son métier de professeur dans un lycée de Lyon.
L’art français de la guerre
(Gallimard, 2011) - Daisy : 25h00 -
Braille : 14 volumes en intégral et 9 en abrégé - Gros caractères :
Vol 1 : 464 p - Vol 2 : 512 p.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible
sur Éole en Braille numérique
Prix Goncourt 2011
J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré
Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de
vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde
avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a
appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale,
mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m'apprit à peindre,
et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis
le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de
la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les
mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon
me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.
Né en 1971 en Vendée, François Bégaudeau est agrégé de lettres modernes, professeur de français, écrivain et journaliste. Auteur de plusieurs romans, d’essais, et de pièces de théâtre, il obtient le prix France-Culture Télérama en 2006 pour Entre les murs. Il coécrit le scénario du film éponyme (Palme d'or à Cannes en 2008) réalisé par Laurent Cantet, dans lequel il joue le rôle du professeur de français.
Fin de l’histoire
(Verticales, 2007) - Daisy : 03h28
Disponible sur Éole en Daisy audio
Quelqu'un s'avance là et c'est une femme. Mettons qu'on ne fasse que la
regarder et l'entendre. Regarder comment elle parle, entendre comment elle
raconte. Non pas ce que ça cache mais ce que ça montre. Quelqu'un s'avance là
et tout y est. Le monde entier dans sa voix, ses mots, ses mimiques. Pendant
que l'Histoire poursuit son chemin héroïque et vain, un précipité de modernité
se pose là et c'est une femme.
Vers la douceur
(Verticales, 2009) - Daisy : 03h40
Disponible sur Éole en Daisy audio
«Quand on couche pas, même si on est convaincu que ça avance à rien,
animal triste et tout, eh bien on est angoissé, assez connement je dois dire
mais voilà. Alors on essaie de trouver des plans, avec même de l'amour des
fois, ce qui complique les choses, ou au contraire ça les simplifie, enfin faut
voir, il y a un peu de tout dans ce dossier-là.» Selon un subtil désordre
chronologique, ce roman à épisodes brouille les pistes de l'existence de Jules,
amateur de plans improbables, journaliste sportif et célibataire intermittent.
De malentendus jouissifs en gags à répétition, l'auteur tient la chronique de
ses aventures et fiascos parmi une dizaine de trentenaires des deux sexes. À
moins que ce jeu de rôles archi-contemporain n'implose in extremis, pour s'ouvrir
à une fantaisie sentimentale, assumée dans toute sa douceur.
La blessure, la vraie
(Verticales, 2011) - Daisy : 06h37-
Braille : 6 volumes en intégral et 4 en abrégé
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en
Braille numérique
«Depuis vingt ans à vrai dire je n'ai plus cessé de rire. C'en est troublant,
presque inquiétant, une anomalie car il y aurait plutôt de quoi pleurer,
tragédies, saloperies, maladies, labeur de vivre, effroi de ne plus. Toujours
j'ai donné le change, mais aujourd'hui me trouve las d'esquiver et pressé
d'admettre qu'en effet il y a quelque chose qu'il ne faut plus tarder à
raconter.
Le temps est venu quoi qu'il m'en coûte de remonter à la blessure.
De remonter à 86. À l'été 86.»
Au début
(Alma éditeur, 2012) - Daisy: 04h50
Disponible sur Éole en Daisy audio
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Braille numérique
Au commencement était la grossesse, le ventre rond, empli de vie, gros de
promesses. Mais aussi d'appréhensions, de réflexions, de souvenirs... Car
l'attente de l'heureux événement engendre une foule de sentiments et de
mouvements contradictoires et c'est pour les futurs parents l'occasion,
souvent, de faire le point sur leur propre existence. Au début est un roman de
femmes écrit par un homme, qui nous entraîne dans l'infini mystère de la gestation
: telle n'y avait pas songé et puis c'est arrivé ; telle autre a dû avoir
recours à la fécondation in vitro ; telle autre encore en aurait sans doute
voulu mais se voit confrontée aux réticences de son partenaire. À ce chœur
féminin se mêle la voix d'un père qui recourt à une mère porteuse. Treize
tendres aventures pleines de suspense, d'humour et d'amour.
Le problème
(Théâtre ouvert, 2008) - Braille : 2
volumes en intégral, 1 volume en abrégé
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Une femme annonce à son mari et leurs deux enfants qu'elle quitte la maison
pour vivre avec son amant. S'ensuit un conseil de famille : conversation à
quatre où tout se dit sans détour et où tous les sujets - le devoir de philo de
la fille, la sexualité des parents, la copine du fils - sont abordés pêle-mêle.
Mise à plat radicale d'une situation, des objets, des sentiments, Le Problème
déjoue les clichés de la famille traditionnelle. Subtilement, la pièce déplace
les rôles de chacun.
On retrouve avec beaucoup de plaisir dans ce huis clos l'humour et le sens du dialogue de François Bégaudeau, à l'oeuvre notamment dans Entre les murs. Le Problème est sa première pièce publiée.
Le foie
(Théâtre ouvert, 2012) - Braille : 2
volumes en intégral,2 volumes en abrégé.
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Il y a longtemps que Stéphane n'aime pas comment sa mère lui parle. N'aime pas
comment sa mère ne lui parle pas. Mais ce jour-là est la fois de trop, le
fromage de trop. Il va partir. Et ne plus jamais revenir. Pourquoi
tolérerait-il chez elle des travers qu'il ne tolère chez personne d'autre ? Il
va partir et pour l'instant il reste. Après Le Problème, François Bégaudeau
poursuit son exploration des « scènes de la vie familiale », cette fois-ci
entre une mère et son fils. Il y affine encore son art du dialogue : humour,
provocation, mauvaise foi, crudité et tendresse.
Antimanuel de littérature
(Bréal, 2008) - Braille: 7 volumes en
intégral et 5 volumes en abrégé
Disponible
sur Éole en Braille numérique
Autant prévenir tout de suite le lecteur dont cet Antimanuel va absorber le
week-end alors qu'il pourrait enquiller six saisons d'Ally McBeal en mangeant
des pizzas, on ne va pas aller au plus simple. On va même tenter l'impossible :
définir la littérature. Tâche que s'épargnent les manuels en vigueur,
étonnamment. Le but n'est donc pas tant de corriger lesdits manuels, comme on
corrige une copie ou un adolescent surpris devant un site porno, que de combler
les trous. Dire ce qu'ils taisent par omission plus ou moins volontaire. Par là
on ne pointe pas les coulisses de la littérature, l'inavouable arrière-boutique
people de nos belles-lettres. Ce n'est pas l'envie qui manque mais, passe le
récit des vacances de Musset sur un yacht prêté par Mauriac, ou les photos
floues du voyage en Égypte de Perceval le Gallois avec Mme de Merteuil, on
dispose de trop peu d'informations pour noircir trois cent douze pages.
Begaudeau, François et Sorman,
Joy : Parce que ça nous plaît : l'invention de la jeunesse
(Larousse, 2010) - Braille : 8 volumes
en intégral
Disponible
sur Éole en Braille numérique
La jeunesse racontée et décrite ici est celle qu'une séquence politique, un
mouvement esthétique ou alternatif rendent parfois visible, mais dont le métier
durable est la jeunesse. Celle qui promène partout sa tronche avec elle-même en
étendard.
Observant cette faune, ses fringues, ses danses, ses vautrages sur la moquette, l'adulte perçoit à juste titre une envie inconsciente d'ajourner le moment de le rejoindre dans l'âge mûr. Il y a donc comme une gageure, pour deux auteurs bientôt quadragénaires, à cerner une multiplicité que définit sa capacité à désarmer la compréhension des plus vieux.
Tu seras écrivain, mon fils
(Bréal, 2011) - Daisy : 02h42
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible
sur Éole en Braille numérique
Parce que l'écrivain est un être exceptionnel à l'existence exceptionnelle.
L’invention du jeu
(Hélium, 2009) - Braille : 1 volume en
intégral et en abrégé
Disponible sur Éole en
Braille numérique
Chaque fois le ballon se retrouvait plus loin, si bien que Jean-Luc courait
maintenant continûment après lui, le frappant dans l'élan de sa patte avant
gauche dont il avait rentré les griffes car il aspirait à la force du tigre
mais était doux comme un chat doux. À cette vitesse inédite, Gilles ne sentait
plus le poids de sa coquille. Il n'avait plus de coquille. Perché sur le chat
qui courait au rythme du ballon, il était un chat à son tour, et les chats
n'ont pas de coquille, ils n'en ont pas besoin, le grand air leur est une
maison.
Un livre totalement fantaisiste de François Bégaudeau, qui célèbre le foot, la joie du collectif et la douceur de l'amitié.
Née en 1966, ancienne comédienne, Carole Martinez devient professeur de français dans un collège d'Issy-les-Moulineaux. Puisant dans les légendes de sa tradition familiale espagnole, elle brode « Le coeur cousu » à partir des histoires que sa grand-mère lui racontait. Ce premier roman reçoit le prix Renaudot des lycéens en 2007, le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2007 (jury de jeunes lecteurs), le prix Ulysse de la première oeuvre 2007. Au début de l'année 2011, elle publie un roman policier pour la jeunesse, « L'Oeil du témoin », après un premier essai publié à la fin des années 90, « Le Cri du livre ». Lors de la rentrée littéraire en septembre de la même année, « Du domaine des murmures » vient combler l'attente de ses lecteurs adultes. Un roman pour lequel elle reçoit le Goncourt des lycéens.
Le cœur cousu
(Gallimard, 2009) - Daisy: 09h45 -
Braille : 7 volumes en intégral, 5 volumes en abrégé- Gros caractères :
506 p.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Écoutez, mes soeurs ! Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Écoutez...
le bruit des mères !Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines.
Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se
côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le coeur. Leurs
plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes
épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes !»
Frasquita Carasco a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de
magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle
coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de
mariée sont tellement vivantes qu'elles faneront sous le regard jaloux des
villageoises ; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un
papillon qu'il s'envolera par la fenêtre ; le coeur de soie qu'elle cache sous
le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement...Frasquita
a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le
village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers le sud de
l’Espagne que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses
marmots eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels...Le roman fait
alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le
merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle
tragique de la vie.
Un coup de coeur de Cloé : Une femme et ses six enfants, tous dotés de dons surnaturels doivent fuir leur village et errent à travers l'Andalousie. Le coeur cousu est une formidable histoire de famille et surtout une histoire de femmes que la nature n'a jamais épargnées et qui, pourtant, arrivent à s'en sortir. Une écriture saisissante toute en finesse et poésie.
Du domaine des murmures
(Gallimard, 2011) - Daisy : 05h47 -
Braille : 3 volumes en intégral, 2 en abrégé.
Disponible sur Éole en Daisy audio
Disponible sur Éole en Braille
numérique
Prix Goncourt des lycéens 2011
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune
Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son voeu de
s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le
domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à
la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle
pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle
dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.
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